Ce matin je suis apparu chez moi. J’ai ouvert les yeux et j’étais à la maison. Je peine à sortir de mon sommeil, encore plus à réaliser où je suis. C’est la première fois que je me réveille dans ma chambre. «Ma chambre» sort bizarrement de ma bouche quand je le prononce. Il y a juste des murs, un lit, et un vélo. Mon vélo ! Donc c’est ma chambre. Mais rien vraiment ne donne à ce lieu une familiarité qui pourrait le faire sentir comme ma chambre. À part mon vélo. Qu’est-ce qu’il fait là d’ailleurs ? Mon lit déjà, a juste la place qu’il faut pour rentrer, alors un vélo… C’est décidé, je vais bouger mon vélo de là. Mais est-ce que ça sera toujours ma chambre ? Et où est-ce que je vais le mettre dans mon appartement. «Mon appartement» ? Tiens donc, ça aussi c’est bizarre. Est-ce que je suis chez moi ? Pas encore apparemment, je ne sais pas où sont les casseroles par rapport aux assiettes, je ne sais pas non plus où sont rangés la plupart de mes affaires. Il va falloir tout vider pour tout remplir. Et en le faisant, assembler les choses à ma façon et à mon rythme. Et ainsi créer un chez moi qui ne sonne pas faux quand je le dirais.
Comment fait-on «chez moi» un nouveau chez soi ? Je devrais pourtant y être habitué, c’est mon métier de toujours arriver dans une nouvelle chambre, de vivre ailleurs…
Peut-être en mémorisant le contenu de chaque tiroir, en accrochant des images familières sur les murs et en invitant des amis, pour commencer à partager la nouvelle histoire de ce lieu.
Avant ça, passer du temps ici. M’affaler sur tous les fauteuils, m’étendre sur les sols. Me laisser couler à terre et épouser les formes de chaque recoin jusqu’à ce que la poussière ait dessiné autour de moi, un voile léger du temps qui passe.
|texte du 22/01/2018, conclu hier|
Ce qu'il reste 
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