J’ai 31 ans. Je ne sais pas vraiment ce que ça veut dire et si ça veut dire quelque chose. En tout cas aux yeux de la société je ne suis pas grand chose. Je ne suis pas marié, complètement célibataire. Je n’ai pas d’enfants. Je n’ai pas de propriété immobilière, pas d’hypothèque, peu d’argent à la banque. Je n’ai pas ou très peu d’objets en ma possession. Je ne dois pratiquement rien à personne à part à la compagnie qui m’emploie. Je suis presque libre et pourtant j’ai l’impression d’être si loin de ça. J’essaye de faire de mon mieux même si ce n’est jamais assez pour les autres. Des identités me collent à la peau. Soit on fait trop soit pas assez, rien n’est jamais suffisant. Et j’essaye, j’essaye de faire de mon mieux. En ce moment tout semble difficile, même bouger. Il y a quelques jours j’ai porté facilement deux personnes sur mes épaules pendant plusieurs minutes. Après ça, tenir une planche au sol m’a paru presque impossible… Je me suis effondré en larme. Ça arrive souvent ces derniers temps. Mes forces m’abandonnent par intermittence, comme l’espoir. L’espoir de quoi d’ailleurs ? En attendant, je continue de combler des trous, de cocher les cases restantes, celles qui sont faites pour moi, pour ceux qui ne tiennent pas en boîte.
Je me pose tout un tas de questions auxquelles je ne peux pas répondre. Je voudrais réécrire mon histoire même si elle a été très belle et que je n’ai pas à m’en plaindre. Peut-être la réécrire à partir de maintenant. Arrêter d’être celui que l’on pense. J’essaye juste de faire de mon mieux, d’apprendre. Et aujourd’hui je tourne en rond et je n’apprend plus. Je me lamente, je me tourmente. J’ai perdu le nord. J’ai perdu la foi. Je suis las de moi. Je me fatigue. M’enfin. Tout n’est pas fini et tout va finir par passer.
J’ai 31 ans et j’attends que ça passe. En attendant, je suis ou j’essaye de l’être.
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