La lumière d’un nouveau jour s’invite à travers les stores baissés de ma chambre temporaire. Des raies jaillissent des interstices et glissent sur mes paupières encore fermées. Je suis appelé à me réveiller quelque soit la longueur de ma nuit. Le matin est là et se moque de l’heure qu’il peut bien être. Je suis étalé dans mon lit, les yeux battant vers un ciel bouché par un plafond lisse. Je tourne la tête et vois le bleu céleste à travers des rideaux de bois. Rien d’autre ne se passe. Je pourrais rester comme ça des jours durant et rien n’arriverait pour autant si ce n’est la fin grandissante, la soif et peut-être la dépression. Alors je me lève pour courir au ralenti dans ma prison de joie. Une course avec moi-même, histoire d’essayer d’être plus lent que le temps qui passe. Ça change des habitudes. Il m’aura fallu 5 journées complètes pour en vivre pleinement une. Contrairement à l’avant, où une rotation de la Terre ne suffisait pas pour vivre toutes mes vies. Je n’ai plus besoin ni d’exploits ni de performances, je ne joue plus et j’écoute parfois terrorisé les bruits qui sortent des rectangles auto-éclairés.
Et puis j’ouvre la fenêtre. Je vois la vraie vie, celle qui continue encore de se jouer dehors malgré le peu de personnes qui traversent encore la rue. Les oiseaux et les écureuils s’en donnent à cœur joie. La pluie rince les restants de neige congelée, en faisant apparaître tout ce que l’Homme aura perdu pendant l’hiver. Essentiellement des emballages, du plastic, du papier mais peu de lettres d’amour. Au printemps, on redécouvre nos négligences et nos irresponsabilités. Encore plus quand on est privé de sortie. Il va falloir apprendre à se ramasser une fois pour toute. Ou être condamné un jour à contempler impuissant et de l’intérieur, la chute de l’anthropocène. Ce qui ne sera pas une mauvaise chose pour tout le monde !
Bien vu, comme d’hab’. On pense à toi Phil et Nath
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