Je marche des heures et des journées entières sur la forêt qui se décompose. Des arbres fondent sous le poids de mes pas, d’autres résistent et certains me renvoient même un coup de branche par derrière. Je dois faire attention où je mets les pieds et aussi à ce que mon regard ne soit pas trop fixé sur eux.
Je glisse, je trébuche, j’en prends plein la figure. Je n’ai pas l’habitude de ce terrain accidenté. Mes yeux se perdent entre le haut et le bas, je ne sais pas où regarder. Mes sens peu aiguisés sont excités par toute sorte de sensations. Je tombe.
La forêt me boit.
Je suis un enfant qui apprend à marcher.
J’ai la trentaine et je réapprends. Le temps m’enseigne comment le vent se glisse entre les boisés. Après quelques jours complètement perdu, je commence à savoir lire la forêt. Je déchiffre les racines en syllabes. J’arrive à comprendre quelques mots d’écorce. Les feuilles dévoilent des mystères. Les roches ont cessé de se taire. Je découvre des sentiers que je ne pouvais voir avant et j’ai l’intuition que rien est accidentel.
J’apprends mais j’en sais autant que de toutes les étoiles de l’univers, je ne connais que la chaleur du soleil.
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