Mardi 9 juin 2020

Je me suis bien planté.

J’ai creusé la terre de mes doigts jusqu’à ce que mes ongles soient remplis d’un noir indélébile. Toute la journée penché, courbé, assis dans la terre. J’avais de la gadoue jusque dans les poches et du soleil dans les cheveux. J’ai gratté, arraché, semé, arrosé. Et puis j’ai pensé et respiré, souvent ou même tout le temps. Je me suis oublié dans tout ça et j’ai senti des racines prendre. Mes bottes comme engluées dans un parterre vaseux sont restées prises. J’ai dû tirer fort sur mes mollets pour m’en sortir. J’en suis tombé sur le fondement.

Il m’a fallu quelques minutes avant de reprendre mes esprits. J’ai regardé mes pieds et j’ai remarqué que mes chaussettes avaient dû rester dans mes bottes. Je me suis penché sur ces dernières, j’y ai planté mon regard comme dans des jumelles et d’un coup, je me suis senti tomber. L’ouverture devenue béante m’a aspiré. J’ai chuté pendant un long moment et j’ai encore atterri sur mes fesses. Décidément !

Il y avait comme un parfum de déjà vu qui avait du mal à surmonter l’odeur de mes fonds de souliers. Pas de lapin blanc ici mais «Câlice que ça sentait mauvais !» J’ai trouvé des champignons sans me résoudre à y goutter… Je me suis senti bien seul, prisonnier de cette grande tour de plastique. J’ai sorti mon couteau et ai commencé à l’attaquer. À force d’acharnement, j’ai fini par percer. J’étais toujours tout petit mais au moins je pouvais respirer ! J’ai cherché un coin d’ombre où me poser, ce qui n’a pas été facile à trouver. Je me suis mis sous un plan de tomate, ou peut-être était-ce des poivrons, j’avais perdu toute perspective.

J’ai finalement eu une idée ! J’ai couru pendant des heures pour parcourir quelques mètres. J’ai franchis des montagnes de terre, fais des détours de petits cailloux, traversé des ponts de brindilles, évité les marécages du goutte à goutte. Je suis finalement arrivé à mes semis de haricots. J’ai creusé encore un bon moment pour trouver les graines semées plus tôt. Et là j’y ai gouté. Je me suis cassé les dents dessus. Impossible de mordre la dedans… La magie, après m’avoir brièvement visité m’avait pour ainsi dire quitté.

Pour pas finir en pâturage, j’ai décidé de me mettre au frais. Tant qu’à être dans les parages autant me faire des potes âgés. J’ai bien choisi mon entourage, et j’ai fini par me planter. Je fais partis du paysage avec le temps pour principal allié.  Je me dis qu’à force de courage, je finirai bien par repousser !

|08/06/2020|

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