Je regarde ces formes d’écorces et de feuilles qui se dessinent de bas en haut. De la puissance tranquille qui s’étire vers le ciel. Mes yeux d’enfant sont curieux, mes doigts en parcourent le bois en évitant les échardes et mon âme veut voler. Je m’élance en secret pendant que les adultes ont la tête tournée, je brave l’interdit et grimpe de mes petits bras. Je m’accroche, le corps suspendu au dessus d’un sol pas encore assez loin mais à une hauteur déjà inquiétante pour l’âge que j’ai alors. Je me hisse de branche en branche, je m’élève. Je n’atteins pas des sommets mais ce monde caché, fait de cabanes imaginaires et d’enfants perdus me suffit amplement. Enfin vient le plus difficile, ce qui fait le plus peur. Alors que l’ascension s’est faite dans la maîtrise et sous le coup de l’adrénaline, la redescente fait naître le vide, la possibilité d’arriver au sol plus vite que prévu. J’oublie où j’ai posé mes pieds, quelle branche était la plus solide, comment je suis arrivé là. L’arbre vu d’en haut s’est métamorphosé. Je me sens aussi nu qu’il peut paraître à mes yeux. Je suis seul avec ma crainte, pas de secours à ces altitudes. Je ne peux pas non plus rester là toute la nuit ! Alors j’apprends que la peur n’empêche pas, elle informe. Elle dit à mes petits doigts de serrer plus fort. Elle augmente le rythme de mon cœur, ce qui je ne sais pour quelle raison me fait mieux voir et mieux être dans le présent. Je maîtrise beaucoup mieux mes gestes habituellement maladroits. Elle me montre que je peux être plus grand que moi tout en m’enseignant la prudence. Ainsi, je me dépasse. Je vole pendant quelques centimètres avant d’atterrir sur la terre ferme.
Je ne suis jamais tombé d’un arbre, par contre j’ai toujours énormément appris en les escaladant !
|01/09/2020|
Ce qu'il reste 
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