Et ainsi tout a basculé. J’ai tiré sur la nappe pour faire ce prodigieux tour où les couverts restent en place. Une chose en entraînant une autre, les bris de vaisselles sont venus rythmer à grand fracas les renversements en tout genre. Il y en avait partout, essentiellement du vin et des restes alimentaires. Et bien sur des morceaux de céramique dispersés à foison. Je contemplais l’ampleur des dégâts en essayant d’en extraire le beau. Tout ça pour tenter de refouler ce réflexe puéril qui veut donner tord à autrui. J’en ai trouvé des belles choses ! J’avais d’une main de maître et dans l’absence de toute virtuosité, créé une fresque magnifiquement désastreuse. Son caractère éphémère venait rajouter un fini brillant à la scène, un contour unique pour saisir le cliché puis le conclure.
Il ne restait plus qu’à tout ramasser ou à tout laisser derrière pour que quelqu’un le fasse. En fait, une multitude de scénarios s’offraient à moi : nettoyer, ranger, dissimuler, attendre, remplacer, recycler… Tromper le futur auditoire en jouant avec les mots et les images. Faire table rase et tout recommencer, différemment ou à l’identique. Mais dans tous les cas tout faire pour garder le contrôle. Ou finalement s’abandonner et laisser une forme de destin décider pour moi, en faisant confiance aux jalons déposés sur ma trace de vie.
|08/09/2020|
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