Il(s)
Il marche dans le noir, dans cette ville nouvelle pour qui il n’est encore rien. Il est juste un passant qui marche sous la pluie, d’un pas nonchalant malgré elle. Son long manteau boit les gouttes et le fait devenir plus sombre qu’il n’est déjà. Éclairé par la lueur blafarde des réverbères, il avance comme si de rien était, comme s’il marchait sans but. Il est juste sortie pour respirer, pour prendre une petite rincée, ou remettre les compteurs à zéro. Il avance sous son chapeau sombre qui garde à peu près sa tête au sec. Sa tête trop pleine ou trop vide, on ne sait pas. A-t-il de la suite dans les idées ? A-t-il simplement des idées ou est-il en train de marcher là sans même en avoir conscience ? C’est peut-être pour lui une façon de s’oublier, de marcher ainsi sous la pluie tombante. Se laisser disparaître sous les gouttes, happé par l’obscurité d’une nuit sans lune, dans une ville fumante, odorante, bruyante et à la fois qui sommeille. Lui même qui est une ombre parmi les autres, un passant silencieux qui appartient au monde uniquement parce qu’on l’observe. Il suffirait qu’on détourne un peu le regard pour qu’il disparaisse et ne fasse plus qu’un avec le décors. Comme tous les autres, la multitude qui marche derrière lui.
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