Les planteurs de clous (1)
Rien n’est jamais assez bien pour personne. Quelque soit le geste que tu vas faire, il y aura toujours quelqu’un pour le juger ou le dénoncer. Il y a des spécialistes dans ce domaine, des gens qui se baladent avec un marteau et une boîte de clous. Ils sont aux aguets, toujours prêt à t’en planter un sur la gueule. Parce que tu vas bégayer, parce que tu vas faire un faux pas, ou même parce que tu as fait quelque chose de bien mais que ce n’est pas assez. On est jamais parfait et encore moins pour eux. Des marteleurs qui nous rappellent à notre médiocrité. Des mieux que nous qui le soulignent en plantant des clous. Malheureusement, ces cogneurs qui sommeillent en chacun de nous, ont le réveil facile. Et chaque jour, nous répétons ce réflexe insupportable de corriger l’autre. Tout ça parce que rien n’est assez bien, à commencer par soi-même. Alors on vient flatter son moi profond à coup de marteau, sur quelqu’un qui vient soit d’avoir une estime de lui fragilisée ou au contraire renforcée. À l’estime retrouvée nous créons une faille, à l’instable nous éventrons la chair. Et plus nous sommes troués, plus nous perçons dans les autres jusqu’à ce que les porteurs de marteaux aient autant de clous dans leur poche que dans leur peau. Nous sommes des fakirs modernes, avides de clouer des becs pour dorer une image qui n’existe que dans nos têtes.
À toujours vouloir en enfoncer, on finit par ne pas valoir un clou.
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