Mardi 8 janvier 2019

Tu sais quand cette absence de mots gronde. Quand le silence est fait des bruits de bouts de pensées trop nombreuses. Je ne sais pourquoi mais j’ai avalé ma voix. Il y a tout un monde de flots de paroles qui bourdonnent à l’orée de ma gorge. Je sens l’air glisser sur les cordes sans en appeler le son. Tout reste là et tourbillonne. Les idées rejoignent les émotions et tissent ensemble un nœud muet qui bouillonne. Les mots sont emmêlés, s’échangent, me font bégayer. Je redeviens l’enfant qui ne sait pas s’exprimer correctement. Et puis les autres n’écoutent plus de toute façon. Il faut enfiler une cape pour se faire voir. Se faire entendre est un autre problème. Je pressens le jour où les gens quitteront les livres. Parce que lire c’est du temps à donner à un projet, lire c’est écouter la voix d’un auteur. Alors peu à peu, quand le temps sera devenu rare, la poussière qu’il produit les recouvrira tous. Puis les dissimulera, puis on les oubliera. Nous marcherons dans des couloirs blancs teintés d’affiches animées, le visage taché d’une lumière vide et les yeux s’abreuvant de tout le rien. Quand on aura fini de s’écouter, les tapis volants et les animaux parlants n’existeront plus. J’espère alors qu’il restera un petit garçon avec une cape qui ne dira pas grand chose mais qui écrira haut et fort.

|texte du 27/11/18|
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