Ambiance cool, groove, posé, je bois un latte sans lait. Le son single langoureux, sonne soyeux, singe polychromatique dans mes oreilles aux lobes feutrés. Mes regards en cascades distribuent des coups d’œil curieux, furtifs, fureteurs à droite et à gauche. Chaque mouvement m’attire, chacun d’eux m’inspire l’envie de m’y attarder un instant, de lover l’éminence de mes pupilles au coin de leurs gestes. Les gens sont tout autour, accourent sans discontinuer, s’abreuvent de jus noir caféiné, espèrent trouver la paix dans leurs écouteurs confinés, bien au chaud au contact de la douce lumière blanche de leurs écrans. Ça clique à un rythme frénétique, à l’affût de la moindre information. Ils cherchent, ils remplissent leur fonction, ils sont bien rangés sur ces tables alignés. Ils consomment le temps en tasses à café, en fautes de frappes corrigées, en publications aimées, commentées, partagées. Je fais partie du lot, devant mon propre fardeau, j’écris mot pour mot, je mimique noir sur blanc l’espace embué du Perko. Les places se libèrent, se contentent d’un peu de solitude avant d’être de nouveau assiégées. À peine l’espoir d’un répit apparaît qu’un nouvel arrivant en manque de stimulant s’installe, peu après avoir passé commande, d’un forfait que plus tard on scande. Ça manque de regards qui se croisent, ça manque d’une réelle sympathie, d’une convivialité assumée. Ici, on préfère rester timide, s’accorder à sa tâche plutôt qu’aux autres. À moins d’être venu accompagné, de ne pas jouer le jeu de la solitude, de faire preuve de sollicitude, de ce savoir-faire dépassé ou perdu.
Assis seul dans mon coin, j’observe inlassablement le monde qui défile tout autour. Curieux de chacun de ces inconnus, de ces gens qui sont venus chercher un abris, combler une routine, partager un bol de café. Chacun de leurs codes présentent une histoire, montrent et démontent des stéréotypes, invitent à en savoir un peu plus. Quels mystères sont-ils en train d’écrire? Que sont-ils en train d’étudier de ces yeux attachés, concentrés? Quelles paroles échangent-ils entre eux? Leurs vies comme des richesses de complexité simplement issues de la simplicité de toutes les rencontres antérieures. C’est fascinant!
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