Mardi 8 octobre 2019

– À qui écris-tu comme ça ?

– J’écris à qui je veux, non ?

– Pourquoi tu t’entêtes à vouloir lui parler ? Pourquoi chercher encore à convaincre ? Tu penses que tu as raison ? Tu penses que tout peux encore continuer ? Pourquoi t’accrocher aussi obstinément ?

– Je ne m’accroche plus. Au contraire, je lâche. C’est pour ça que je continue d’écrire. Parce que j’ai laissé tombé. C’est ma façon de laisser couler le flot des choses qui restent encore en moi. C’est un moyen comme un autre. Une détente qui ne tue personne. Juste des mots mis bout à bout, qui me permettent de faire naître un chemin sur lequel poser de nouveaux pas. Parce que même si ma direction change je ne veux plus reculer ou me languir. Même s’il faut retourner un peu sur mes pas, autant le faire en avançant. J’ai toujours la peur au ventre. Mais c’est un moteur qui me dit d’avancer. Je me projette comme ça, à coup de lettres plutôt qu’à coup de poings. J’écris les choses que je ne veux plus dire. À défaut de me répéter, on pourra me lire plusieurs fois.

Je créé cette trace surtout pour moi. Parce que c’est ma réalité absolue, le présent duquel j’essaye de me désembourber. Je m’en sors comme ça, en marchant, parfois en m’enfuyant. Mais plus maintenant.

Je suis retombé amoureux quelques fois… Hypersensible ont dit les médecins. Je ne sais pas si c’est un cadeau ou un fardeau. Rien que je ne cache derrière un masque d’antipathie. Il y a les «elle» et les «il», que je ne distingue pas comme tel. Pour moi ce sont des odeurs, des yeux, des douceurs de peau ou raideurs d’épaule, des rires, des mots de voix, du son et des idées, du fond ; tout ça a de la valeur… J’aime me prendre dans des bras voilà tout. Le cirque m’a appris ça. On s’aime à tour de bras, on se prend, on se parle proche – les yeux dans les yeux – on se glisse des mots à l’oreille, on se masse. Nous sommes attachés. Peut-être trop détachés du reste, de la «vraie» vie. Mais c’est quoi la «vraie» vie ?

Pas de concupiscence ici ; même si ça manque d’amour dans l’actualité. Loin du sexe et malgré tout, ces regards de supermarché nous violent.

La «vraie vie» que je défends ou à laquelle j’aspire n’a pas de stéréotype car elle se nourrit de l’inconnu. Chaque jour est une nouvelle porte où des invités se ruent à ma rencontre. Ou l’inverse, c’est moi qui tombe sur eux. Je leur offre un grand sourire, des regards discrets et une oreille attentive. Et finalement je retombe amoureux. Parce que j’admire ces gens là, ceux qui acceptent le risque et le changement, ceux qui vivent un point c’est tout. Parce que je suis ouvert. Parce que j’accepte de vivre mes émotions. Je suis ni «il», ni «elle» – juste un moi qui vibre avec quelqu’un d’autre. Il n’y a pas de papillon sous les replis de mon nombril mais j’ai les bras plein de sensations d’avoir quelqu’un entouré d’eux et surtout d’être. Je vis cet instant d’émois puis le laisse disparaître.

|03/10/2019|
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