Des fois j’oublie qui je suis et où je vais. C’est des moments de la vie où je me trouve au ralentie, freiné par des forces extérieurs, souvent par des démons intérieurs. J’avance plus lentement que d’habitude. Comme si mes rouages étaient rouillés, que mes cordes étaient emmêlées. J’ai perdu un élan que j’avais mis du temps à mettre en place. Alors il faut que je travaille pour repartir. Pour m’élancer de nouveau, trouver la force de se mouvoir et de reconquérir la célérité. Ça ne veut pas dire aller vite non plus. Ça veut dire se remettre en mouvement. Je suis dans un arrêt immobile. Avec moins de choses qui me nourrissent par rapport à d’habitude. Je dois retrouver l’appétit, le goût de la découverte. Je me lance vers l’inconnu. Ça fait peur, ça donne le vertige mais c’est le seul lieu où tout peut arriver, surtout ce à quoi on ne s’attend pas. Chez l’inverse, tout est sous contrôle. Petit à petit, je me dirige vers les limites de ma zone de confort. C’est ce que j’aime dans la tournée. Toujours débarquer dans une nouvelle ville, où tout est à découvrir, tout est une rencontre. Me mettre en «danger», me perdre parfois, disparaître aux yeux du monde parce que dans un là bas personne ne me connaît.
[…]
Morceau par morceau, je rejette les pensées qui me parasitent et savoure ce qui m’est donné à chaque un instant. J’essaye d’apprivoiser le moment sans m’oublier dans l’avant ou dans l’après. C’est un travail de longue haleine, un constant retour à soi et à l’écoute du dehors. L’autour m’aide à être là. À refleurir un dedans que j’ai trop longtemps négligé. Et le temps toujours me pousse ou me tire, me bouge. Je passe comme toute chose et je ne veux pas oublier d’être.
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