J’ai longtemps parcouru cette forêt. J’y marche encore alors que la pluie tombe depuis des heures. Il ne reste plus grand chose de sec sur moi. Je suis détrempé et dégouline sur le sol qui défile sous moi. Des feuilles tombées pendant l’automne me tapissent le bas des jambes. J’avance au grès des arbres. Je leur suis étranger. Je ne sais pas bien ce que je fais là. Qui m’a mis là ? Laquelle a été la première à nous mettre au monde ? Des cheveux luisant me coiffent le front et un filet d’eau coule le long de mon visage. Je continue de me poser des questions tout en avançant. J’aimerais te prendre dans mes bras. J’aimerais choisir une direction. J’aimerais avoir quelques certitudes de plus. Je vois tellement de mondes différents que j’en ai du mal à comprendre le mien. Et pourtant je ne me sens pas perdu alors que le bois court autour de moi.
Demain rien ne changera. Je serai encore dans ces mêmes sous bois qui rétrécissent. Et par la force de mon imagination je les rendrai infini. Je voudrais que l’empreinte de chacun de mes pas soit moins lourde. Apprendre à marcher comme les amérindiens, en glissant mes pieds sous les feuilles. N’être qu’un animal de plus… Mais je suis un être humain et je dois jouer de mes maladresses. Alors je regarde dehors, et je marche sous les arbres. J’attrape le temps avec ma meute et le laisse me rouler au devant. Essoufflés par cette course folle, nous chantons malgré tout. Sans perdre cette occasion dorée, de prendre un moment pour s’oublier vers les étoiles.
Ce qu'il reste 
Votre commentaire