Le clown est arrivé par une entrée où on ne l’attendait pas. Il parle fort et sa voix a le son des montagnes qui s’effondrent. Il découvre le monde pour nous qui ne savons plus voir. Il creuse en moi un matelas en forme de rire, rebondit sur chaque éclat. Il ne fait pourtant rien de plus qu’être là, à trimballer ses affaires. Il traine ses redingotes usés et essuie de son front la sueur du poids des mots qu’il porte. Il donne du sens à tout sans répondre aux questions, déterre plus de choses qu’il n’en jette dans son trou. C’est un enfant géant et bourru. Le clown remplit le vide qui se creuse en moi, en m’inondant de verbes qui ne contiennent aucune lettre. Il sonne juste comme cette cloche immense qu’il fait résonner dans la nuit noire des tempêtes.
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