J’ai une trousse pleine de stylos pris dans des chambres d’hôtel autour du monde. La plupart ne fonctionnent plus. D’autres parcourent encore parfois le papier de mes carnets voyageurs. J’y ai écrit beaucoup de questions dont la majorité restent orphelines. D’ailleurs la réponse découle t-elle systématiquement de la question ? Apparemment non.
Je replonge dans cet étui de toile comme je repars en voyage. J’attrape un des bâtons encreur en me demandant d’où il vient et surtout, où il va me mener. Même à l’arrêt, je me transporte à coup de mots. J’essaye d’aller à rebours, de tracer en sens inverse le chemin d’où je viens. C’est en remontant que je découvre qui je deviens. J’essaye de lire ma vie comme je lirais des histoires. Tout n’est plus là dans le palpable réel. Les mots restent mais le moi change. Je suis une somme de souvenirs qui ne s’impriment pas. La vie continue de me remplir même si j’ai parfois l’impression d’être vide. Je remarque cette incroyable énergie qui à cœur battant me permet d’avancer. Chaque tout m’émeut. J’essaye de ne pas me complaire dans la complainte. Je me fouille et me laisse aller dans cette maison pleine de courants d’air. Il serait peut-être temps de fermer quelques portes. La liberté a ce côté grisant. Ne pas savoir où je vais ça me permet de me sentir moins perdu.
Je continue de tendre ma main dans le noir, de saisir tout ce qui me touche. Tous les jours, j’agrandis ma galerie d’œuvres que je suis le seul à percevoir. Je remplis ce grand vide et je le partage en étant. Je me grave dans le présent aussi léger qu’un souvenir.
|29/09/2020|
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