Mardi 27 octobre 2020

Des fois je ne reconnais plus mon monde. Je suis cet enfant perdu dans un grand supermarché. On essaye de m’attraper de toute part. Il y a ces rayons gigantesques qui se remplissent à l’infini parce qu’on veut nous donner le choix. Un sentiment de liberté ou l’hésitation entre un poulet et du bœuf mariné… Qu’on ne s’attaque surtout pas à notre assiette, la culture c’est sacré ! Alors on a créé le gaspillage consacré, on cueille nos denrées sur les étalages et on tourne le dos à ce qui reste. On accepte la propreté de façade, le monde bien rangé, les masques vissés pas qu’à moitié et un sol brillant à en lécher notre reflet. Pendant que derrière les murs l’ambiance n’est pas à la fête. On a inventé le tout obsolète. C’en est fini de penser à la planète, depuis les grandes enseignes jusqu’aux supérettes, on ramasse puis on jette. Les invendus, les difformes, les oubliés du fond de l’étagère, rien de tout ça ne finira en recette. Je regarde courir les gens vers un repas qu’ils ne prennent ni le temps de préparer, ni celui de manger. Si tout le temps est devenu de l’argent quand est-ce qu’on retombera amoureux ?

Moi qui pensais qu’ils me cherchaient. J’entends pourtant raisonner la voix d’une caissière. Elle parle de mes cheveux et de la couleur de mon t-shirt. J’enfile un costume de clown et je vais jouer avec les autres «perdus». Des fois, on a vraiment pas envie d’être trouvé.

|27/10/2020|

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