La Fourmi et la Cigale
La Fourmi, ayant télétravaillé
Toute la journée,
Voulu s’aérer l’esprit
En écoutant du Bach ou du Vivaldi.
C’est alors que vint la déprime,
Plus rien sur les plateformes de streaming !
Elle vérifia son compte Netflix,
Pire que chez Pierre Brochant après un passage du fisc !
Même plus un livre à se mettre sous la dent,
Toutes les librairies sont closes – ordre du président.
Et il ne reste rien pour occuper ses pucerons !
En peu de temps c’est la dépression.
Elle se dit : “c’est ma culture qu’on assassine !”
Et elle s’en va voir sa voisine.
“Oh belle Cigale, je suis fort aise de vous retrouver.
Le monde est bien gris depuis que vous avez cessé de chanter.”
Cette dernière ma foi lui répond,
Dans un langage à peu près sur ce ton :
“Madame j’ai dû quitter mon métier,
À force qu’on me demande de me réinventer.
Fini d’entendre que je suis fainéante,
De devoir démontrer les années de pratique éreintantes ;
Ou de me justifier de mon utilité
Pour être entendue dans ce que vous appelez «société».
Mon nouvel emploi est un poil moins passionnant
Mais il me permet de voir ma famille plus souvent.
Cela dit, il me fait peine d’être témoin de votre détresse.
Loin de moi l’idée de devenir une prêtresse,
Laissez-moi vous donner ce conseil.
Il est gratuit et c’est peut-être l’essentiel :
Si vous vous ennuyez, créez !
Il faut du travail pour faire rêver.”
|03/11/2020|
Ce qu'il reste 
Votre commentaire