J’aimerais fuir ce monde. Mon tempérament fluctue au rythme de l’impression de mon absence dans ce dernier. Les larmes me montent aux yeux. Je me dis qu’il n’y a pas de raison alors qu’il y en a plein. Chaque jour elles s’empilent sur la balance à laquelle je tente encore de m’accrocher. Je voudrais en faire une liste pour les évacuer. Qu’elles soient lisibles, les pendre devant mes yeux hagards – dire l’invisible pour le rendre risible. Je suis toujours à chercher cet équilibre. J’essaye de tenir du mieux que je peux, de prendre toutes les mains qui se tendent vers moi. Pendant que de l’autre côté, le poids pressant réussi petit à petit à m’arracher au réel.
Je fais un festin de toutes ces émotions. Je ne m’amourache pas de cette cuisine indigeste et pourtant, j’engloutis les restes d’un repas aux ingrédients non apprêtés. Je mange entre les heures. Je me force à finir toutes les boites pour remplir le vide. Je ne peux rien laisser, comme si chaque miette était une preuve de mon malaise. Rien à faire, à l’intérieur c’est toujours le bordel. Rien à faire et pourtant il y en a qui y arrivent.
Je me dis que c’est pas grave. Je me dis que ça va passer. Je me dis que tout va bien aller. Pourtant, je me sens toujours loin du monde. Loin de cette société qui réussit à imprimer en moi que c’est de ma faute. Qui me fait me demander si j’aurais le droit de revenir après. Ça fait 10 mois que je n’ai pas réussi à monter sur un plateau et pourtant, il y en a qui y arrivent. J’envie ceux qui ne tournent pas en rond dans des pièces carrées. Vous êtes beaux, continuez et merci !
Je m’aventure à écrire ce que je ne peux pas montrer. Ces aveux de faiblesse qu’on nous interdit. J’ai mal. J’ai peur. Je me sens seul. Je me suis trompé. Je regrette. Je n’y arrive pas. J’abandonne. Je ne me laisse pas abattre pour autant, je me rends utile, j’aide quand je peux. Je sors de cette zone d’inconfort qu’on nous vend pour de la normalité.
Je suis fatigué de laisser du temps au temps. J’essaye d’enluminer mon intérieur sans trop me faire rayer par les intolérances. Je continue les chaînes de mots. Ça m’allège un peu. Les larmes touchent encore le sol bien sûr. Je tente de les rattraper en tirant vers le haut mes commissures. Je me prépare pour la suite qui commence d’ores et déjà. Ça ne va pas et pourtant je souris. Je ne sais pas si c’est de l’optimisme ou l’expérience. Je marche d’un pas lent sur les ombres qui s’étirent. Je vois toujours loin tout en sentant mon poids peser sur mes deux pieds déposés sous moi. Je suis debout. C’est bientôt l’hiver et j’aurai le privilège de ne pas avoir froid. Je me dis que sourire est la moindre des choses. Mais je ne serai pas contre une accolade de temps en temps. Il n’y a pas que les virus qui tuent.
|27/11/2020|
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