Loin des caravanes et de l’errance folle, je m’apprends. J’écoute et je tourne en rond. Je crée une piste avec rien et je m’outille de l’ennui.
J’ai trouvé une robe qui me va si bien. Elle est d’un vert un peu usé et a une coupe vieillotte. Elle ne vole pas vraiment quand je me mets à tourner et pourtant je la trouve parfaite. J’ai développé une certaine complicité avec elle. Je ne lui parle pas pour autant ; notre relation est plutôt de type immobilière. J’aime l’habiter tout en étant l’hôte de ce qu’elle peut me faire vivre. Nous sommes comme de bons colocataires. Nous passons des soirées à refaire le monde, d’autres sans même se croiser. On vit bien ensemble ! Les miroirs nous servent un reflet inédit. Je la porte tandis qu’elle me transporte.
Petit à petit, notre relation est devenue spéciale, voir même étrange. J’ai commencé à la retrouver dans des coins où je ne me souviens pas l’avoir laissé. La première fois je n’ai pas relevé. J’ai pensé à une étourderie. Mais la chose s’est répétée et chaque matin je la cherche sans succès jusqu’à tomber sur elle à une place qu’elle n’a pas encore visité. C’est comme si elle avait envie d’ailleurs, comme si je ne lui suffisais plus, comme si elle voulait sortir.
C’est clair ! Après avoir finalement entamé une discussion avec elle, j’ai compris qu’elle rêvait de plus. C’est simple, elle convoite le monde. Elle en a fini d’être timide ou craintive, d’avoir peur qu’on ne l’aime pas comme elle est. Elle veut apparaître : exister sans être à part. Elle a déjà fait une partie du chemin. L’autre est pour moi et petit à petit, j’ouvre des portes.
|14/12/2020|
Ce qu'il reste 
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