Je regarde la neige tomber depuis mon perchoir emmitouflé. Je ressens peu le froid d’ici. Aujourd’hui je me suis demandé avec Ida, s’ils offraient des formations pour se préparer à sortir. Après 14 jours enfermés, j’ai peur de me faire happer par la vie extérieure. Y a-t-il un sas de décompression pour les confinés ? Je prendrais bien des conseils. J’ai pris l’habitude de vivre au chaud, d’être un chat et d’apprécier cet état de stase.
Et pourtant, sortir sera un vrai délice. Je me vois me faire attraper par le dehors, être envoyé valdinguer de part et d’autre des trottoirs enneigés. Je glisse comme ça dans la rue, comme muni de patins propulsés. Je fais des embardées, me cogne aux voitures stationnées et finis dans un parc à dessiner des anges de mon corps. Le monde me lance des boules de neige que j’évite et parfois renvoie. Je respire cet air glacé et souffle des nuages de fumée. J’ai si chaud de marcher cette ville. Je sue de me coller à tous ces gens de mon cœur – les anciennes et les nouvelles rencontres. J’embrasse ces moments qui sont tout le contraire d’hors norme. Ces instants de vie que j’oublie de regarder parce que je suis trop enfermé. Ce n’est pas la quarantaine qui me mure. Pas besoin de mode d’emploi pour sortir de cet état là.
Je réapprends à regarder et à écouter. Et puis j’arrête de nier la vie.
|22/02/2021|
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